La situation de la lecture publique au Liban pendant l'agression Israélienne (12 Juillet - 14 Août 2006)

Publié le par Imad Hachem

Depuis plusieurs années, le Liban connaît un développement sans précédent de son offre de lecture publique grâce au dynamisme de nombreuses municipalités et associations ainsi qu’aux actions entreprises par le ministère de la Culture pour soutenir ces initiatives et les fédérer sur le plan national.
Une politique de soutien à la lecture publique s’est mise en place et elle s’est concrétisée par la création du réseau des centres de lecture et d’animation culturelle du Liban CLAC (A ce jour, 17 CLAC).
Le ministère de la Culture libanais s’est investi dans la création de nouvelles bibliothèques tout en fédérant les unités existantes au sein d’un réseau de « bibliothèques partenaires » (32 bibliothèques associées qui ont signé une convention de partenariat avec le Ministère).
Parallèlement à l’action du Ministère, la société civile s’est mobilisée. Des associations, des municipalités, des groupes culturels et des individus ont fondé des bibliothèques et ont apporté leur soutien aux initiatives existantes. Le réseau le plus important est celui de l’association ASSABILqui compte a présent 25 bibliothèques.
 
Les effets de l’agression israélienne a bouleversé tout le réseau de la lecture publique, il a causé la fermeture d’au moins 45 % des bibliothèques publiques du Liban surtout dans les régions touchées directement ou proches des lieux du combat, comme au sud du Liban, à la Beqaa (à l’est du Liban) et à Beyrouth et sa banlieue.
 
Parmi les 70 bibliothèques publiques recensées et en activité avant 12 Juillet, au moins 33 bibliothèques ont dû fermer leurs portes, 4 bibliothèques au moins ont été atteintes par les bombardements (2 dans la banlieue sud et deux au sud du Liban), et 37 sont restés ouvertes ou partiellement ouvertes.
 
Comme conséquence de la guerre, plusieurs bibliothèques se sont plaintes de l’absence des usagers, mais beaucoup d’autres au contraire, situées dans des localités plus sûres, ont connu un afflux important de visiteurs. En effet, l’agression israélienne a poussé près d’un million de Libanais à se déplacer vers des régions plus sures. De plus, l’arrêt forcé du travail a obligé beaucoup de Libanais à chômer et à rester chez eux. La bibliothèque est alors devenue un lieu privilégié pour passer le temps, tant pour les déplacés que pour les habitants eux-mêmes. Certaines bibliothèques ont connu un nombre record de visiteurs pendant cette période (3 fois en plus que d’habitude), et aussi un nombre record de prêts à domicile (multiplié par 4), les ouvrages les plus demandés étaient les romans, les livres politiques, les ouvrages concernant les religions, ainsi que des livres de culture générale.
De plus, ces bibliothèques sont devenues des centres d’informations où les visiteurs venaient consulter régulièrement les journaux et regarder les nouvelles télévisées.
 
Par ailleurs, au moins 16 bibliothèques ont entrepris des actions envers les déplacés et ont organisé des activités diverses avec les enfants, ces activités allant des nombreuses heures de lecture, dessin, théâtre, vidéo, peinture, bricolage, travaux manuels, à des séances de jeux pour les divertir. La plupart de ces activités se sont déroulées au sein même des bibliothèques, mais aussi dans les lieux de refuges, notamment les écoles.
Enfin, quelques bibliothèques ont participé directement, avec l’aide de nombreuses associations, à la distribution de livres, de cahier de vacances, de jouets, de crayons de couleurs, de pâte à modeler, et toute sorte de matériel destiné aux enfants.  
 
Il faut espérer que ces actions auront contribué non seulement à alléger quelque peu les souffrances causées par cette guerre, mais aussi qu’elles auront été l’occasion, pour ceux et celles qui ne connaissaient pas encore les services des bibliothèques publiques, d’en apprécier la qualité et le plaisir qu’elle peuvent offrir.  
Imad Hashem, Ministère de la Culture (Liban)
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Centre de lecture et d’animation culturelle de Bint Jbeil était aux premières lignes du front
Le Centre de lecture et d’animation culturelle de Haret Horeik, au cœur de la banlieue sud, a été gravement endommagé
 
La bibliothèque de Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah dans la banlieue sud a été sérieusement endommagée
 

Publié dans état des lieux

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E
Chères et chers collègues du Liban,<br /> Je suis en colère contre la guerre qu\\\'Israël a mené dans votre pays et surtout contre les destructions systématiques des infrastructures civiles, sans oublier - bien sûr - les morts, les blessés, les déplacés victimes de cette ignominie qu\\\'est la guerre, que sont toutes les guerres. Loin du Liban, je ne peux pas faire grand chose, sinon dénoncer. En signe de solidarité, j\\\'ai signalé votre blog sur swiss-lib, liste de diffusion des bibliothécaires, documentalistes et archivistes suisse. C\\\'est un tout petit geste, mais je tenais à le faire.<br /> Je vous salue fraternellement.<br /> Eric Monnier, bibliothécaire, Genève, Suisse.
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M
comment faire pour vous aider ?  je suis prete a tout...
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A
Félicitations pour cette initiative. Ce sont le temps plus tristes, nous sommes avec vous. Je viens de mettre votre direction dans mon espace, ¿quoi faire de plus? <br />  <br />  
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