Censure, lobbying et livres de jeunesse
“Dans ma ville la guerre” de Fatmeh Charafeddine est un livre pour enfants, publié à Beyrouth en 2005 chez Assala et exposé sur le stand libanais de la foire de Francfort. Sur la couverture une grosse botte de soldat et un enfant, un chat et un chien qui se cachent derrière les barreaux d’une cave. Il raconte le quotidien d’un enfant de 8 ans dans une ville occupée par une armée étrangère. Cela pourrait se passer dans n’importe quelle ville du monde et sous n’importe quelle occupation. Afin de lui donner une dimension mondiale, l’auteur n’a précisé ni le lieu géographique ni les identités. Il s’agit de faire partager aux enfants l’expérience d’un enfant comme eux, qui vit la guerre, l’occupation et les bombardements.
Au 4eme jour de la foire, la police effectue une descente sur le stand, suite à une plainte contre la maison d’édition Assala qui exposerait « un livre contre les juifs » ! Le livre n’aborde aucune religion, et ne cite pas non plus Israël ni l’occupation d’un quelconque pays arabe ! N’est ce pas un profond sentiment de culpabilité qui pousse le plaignant à s’identifier à l’armée d’occupation ? Et comment s’exerce donc la liberté d’expression dans les pays qui se targuent de démocratie et d’egalité ?