Alerte sur le projet de la Bibliothèque Nationale du Liban

Publié le par Maud Stephan

La Bibliothèque nationale du Liban avait déjà subi les ravages de 16 années de guerre de 1975 à 1991. En effet, outre les dommages causés à ses collections par les vols, le vandalisme des groupes armés, les mauvaises conditions de déménagement et d’entreposage des documents, l’institution même avait été suspendue, son équipe dispersée, ses bâtiments endommagés puis réaffectés à d’autres fonctions. 
Il a fallu 11 années, au sortir de la guerre civile, pour mettre sur pied un projet de réhabilitation de la Bibliothèque Nationale, 11 années pour intéresser les décideurs préoccupés par d’autres priorités de reconstruction, pour alerter sur le péril de perdre le patrimoine écrit, pour trouver un local provisoire, mettre sur pied un noyau d’équipe. Tout était à faire et rien n’était disponible : ni espace, ni moyens financiers, ni personnel, ni catalogue ou inventaire de l’existant. En 2003, ces efforts ont abouti au lancement d’un projet de réhabilitation de la BNL, avec l’aide de la coopération européenne, et qui visait à sauver les collections existantes, en préserver la mémoire, former le noyau d’une équipe compétente, refonder l’Institution publique, et préparer le programme architectural pour la future Bibliothèque nationale du Liban. En Juillet 2006 ce projet venait à terme, alors qu’un second projet, pour la construction, l’équipement de la BNL ainsi que le développement des collections, financé par l’Emir du Qatar, qui venait à point pour prendre la relève, n’a pas eu le temps d’être initié.
 
L’agression israélienne sur le Liban, outre les graves dommages  directs sur les vies humaines, les infrastructures et l’économie libanaise, a mis en péril un grand nombre d’institutions dans le pays. Elle compromet les efforts pour former l’équipe de travail qui risque aujourd’hui de se trouver dispersée. En outre la fermeture des locaux provisoires ne peut qu’endommager, par l’absence de ventilation et les coupures d’électricité, les collections qui avaient été si difficilement désinfectées, nettoyées, et restaurées. Il faut savoir aussi que les bâtiments qui devaient être affectés à la future BNL, après restauration et extension, sont devenus des lieux de refuges pour les déplacés. Enfin, la période transitoire, forcément prolongée, entre les deux projets de réhabilitation et de reconstruction (et les deux financements, européen et qatari) risque de créer un « vide institutionnel » périlleux pour les décisions d’urgence. Plus l’agression et la situation précaire se prolongent, plus la reprise du projet sera difficile.
 
Face à ce risque, le Ministère de la Culture et l’équipe de la BNL ont décidé de continuer malgré tout, d’assurer un minimum de présence, même risquée, afin de parer à toute urgence, de préparer les plans de sauvetage et faciliter toute reprise future. Il faut saluer leurs efforts et leur courage. Les Libanais ont déjà prouvé plusieurs fois leur dynamisme et leur volonté de vivre, leur capacité à toujours reconstruire, mais il est urgent que le Liban retrouve la normale pour lui permettre une fois de plus de se relever. 
Maud Stephan

Publié dans état des lieux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
Bonjour Mme Maud,<br /> j'espère que vous allez bien, je voudrais présenter mon aide dans la réhabilitation et l'éxcution du plan mis de la BNL avec l'équipe, si vous avez besoin.<br /> mon numéro de portable: 03 / 96 76 65<br /> merci bien,<br />  
Répondre
L
I'm  librarian and I'm interesting in this problem, but, How can we help? <br /> I'd like to know if there is some governmental aid that allow librarians from another countries travel without danger to Libano for help us with the work in libraries,<br /> Could be this possible?
Répondre